Me voilà, étalé sur la boue comme un mendiant... le visage péniblement éclairé par le pal éclat du croissant de lune. Et maintenant, la pluie... Il ne manquait plus que ça. J’avais tout... La richesse, le respect, une femme, bientôt un enfant... Il ma tout ôté. Ce sale pachyderme baveux ! Il ma tout ôté...
« C’était ton amis »
-C’était... C’était.
Je revois encore la scène... Le plancher pourrit par le sang...
Lui ricanant de son maléfique dessein dans l’ombre... La façon dont il ma humilié...
Je serra mon poing ensanglanté et me teins à genoux, le regard vide.
-L’humanité n’est qu’un misérable trou moisi où grouille la vermine... Une vermine divisée en deux camps... Brakmar et Bonta... La vermine doit être réduite à néant... Je n'y toucherais même pas... Elle moisira là. Seule et sans personne sur qui compter pour la relever... Oui, c'est ça... Personne.
Je jeta un coup d’œil à mon sabre, puis à mes ridicules ailes.
Et d’un coup, elles furent étalées dans la boue.
Un Hurlement perça la pénombre par cette nuit pluvieuse.
-Non... Non...
Ma tête me tourna, un gout aigre emplît ma bouche... Je m’évanouis sous le poids de la douleur.
Et je revis ma vie, telle qu’elle fut avant... Joyeuse peut être pas tout de suite... Mais presque paisible... Oui. Presque Paisible.
~ ~
C’était la devise : de père en fils...
De toute ma famille, on ne connait aucun membre masculin y ayant survécu : Père, Glouton, Oncle Alfred, Grand père Nogould, même mon arrière grand père fut « enrôlé » dans cette vie morne et pénible.
Mon père est l’actuel propriétaire de la plus prestigieuse boulangerie d’Amakna, son petit « bijou familial » comme il l’appelle était réputé pour la douceur de ses brioches le matin et le croustillant de ses pains la journée. On peut dire qu’il faisait partit de la fine fleur des boulangers : tout le gratin de Bonta faisait le long et fastidieux voyage à dos de dragodinde pour la finesse de sa main et la mie tendre et aérienne qui donnait à son « Pain D’ange » sa prestigieuse réputation.
Moi, je n’ai jamais eu son talent ni sa main experte, mon pain était dur et sec, tout juste bon pour les porkass. Mon père eut beau désespérer, prier le dieu Ecaflip de partager son talent, hurlant qu’il en avait bien assez pour deux, consulter des diseuses de bonnes aventures : Rien ni fit. C’est pourquoi, je me désintéressai vite de la tradition familiale, me disant que je la laisserais à qui le voudra. A l’époque, du haut de mes dix-sept printemps, je ne comprenais guère les conséquences que ces paroles auraient plus tard. Et dieux sait que ce fut éprouvant pour bien des gens.
« FOU MOI L’CAMPS ! BON A RIEN DE FILS !!! » Tonna Benedoc, en me claquant la porte au nez.
J’enfonçai les battants de celle-ci d’un grand coup de poing en couvrant mon père d’insultes jusqu’à m’époumoner, après quoi, je me dirigeais vers la milice d’un pas vif, l’esprit irrité à l’impossible. C’était ainsi depuis qu’il savait. Depuis que l’eau du ruisseau me fait rêver d’aventure sur un magnifique voilier, depuis que les lézards grouillant à l’ombre durant les lourdes saisons d’été me donnent envie de brandir un glaive en criant « Sus au dragon ! ». Et depuis que draguer de mignonnes Sadidettes sous le nez de leur gros abrutit d’Iop me parait plus intéressant qu’une Jeune Xélorette en mal d’amour. C’était ainsi, mon âme battait au rythme des dilemmes et des duels les plus risqués alors que celle de mon père préférait le croustillant et la chaleur du pain.
Je longea le fleuve « Tête de pique », inspirant l’air douceâtre des fertilisants utilisés par les fermiers dans la culture de leurs champs. M’arrêtant deux trois fois pour observer le paysage quand l’envie me prenait. Par delà le pont qui permettait l’accès à la route dite des « Anges » on pouvait apercevoir le contour des sombres bosquets du Bois de Litneg, connu pour l’agressivité des Trools et autres créatures y vivant. Et ainsi s’imaginer, noble aventurier en quête de duels toujours plus périlleux à relever et bien sur, à remporter. En tournant la tête, on faisait face à l’immense étendue des champs de Bonta, les douces odeurs de céréales et le pollen flottant légèrement dans les airs en petites taches blanches, jaunes, et vertes. J’humais avec plénitude la douceur de cette brise, lorsqu’une voie bourrue, mais amicale troubla le silence.
« BELËT ! »
« Salut Borst, ça va ? » Répondis-je calmement.
Vu la tête qu’il tira, et avec le recul, je pense eu que ma question eut sur lui le même effet qu’une cape rouge fait à un Minotor
« NON CA VA PAS ! CA FAIT TROIS HEURES QUE JE FOUILLE TOUS LES CHAMPS DES ENVIRONS POUR TE TROUVER ! » Me hurla-t-il.
Je me retourna paisiblement, un brin de paille calé dans au coin des babines, presque lassé de la sollicitude dont la milice faisait part à son égard. Je ne fus jamais un membre très actif de la milice préférant de loin vagabonder par delà les terres à la rencontre de ce qui voudra bien se produire. Je fus sur le point d’annoncer mon refus quelle que soit la tache que l’ont mon confierait lorsque je remarqua la hauteur de Borst lorsqu’il se tenait droit, du moins à côté de moi. Il me lança l’un de ses regards qui veut dire : « Je ne pense pas que tu ais le choix » Je soupirai alors, et attendit qu’il parle. Il me jaugea, parut songeur un instant, puis me sortit d’un trait :
« Les remparts ont étés fortement endommagés pendant ton absence. Selon l’un de mes éclaireurs, il s’agirait de plusieurs vingtaines de créatures des bois de Litneg qui nous ont assaillît depuis plus de six heures. » Il inspira une grande bouffée d’air et continua : «Tu n’te rends pas compte du temps qui passe lorsque tu te balade ici. Je te connais tu sais, on à beau ne pas être issus du même milieu, je te comprends, et crois moi, tant que ces foutus Trools N’arrêteront pas de nous harceler, tu ferais mieux de les éviter. Pour ton bien comme pour celui de Bonta. »
« Si tu me comprend, tu sais très bien que si je ne viens pas ici, il y aurait double homicide dans la famille : Mon père et moi.» J’essuya une poussière qui se tenait sur mon œil, et termina : « Je m’en occupe... »
Je soupirai une dernière fois, m’étira et me mit au trot en direction des bois de Litneg.
« C’est pas une vie... »
(En attente d'une suite... Ecriture en court
)