Ce n'est que peu de temps après son entrevue avec Perturabo que Fuyumi entreprit de poster sa candidature pour le Cercle Amla-Kahn. Elle était décidée à revoir ce jeune guerrier, à découvrir quels genres de compagnons avait-il trouvé pour qu'il ait la "force de vivre"; surtout, elle était décidée à découvrir ce qui était arrivée à cette personne qui avait l'air de lui tenir à cœur. Cette Kurama semblait avoir une certaine influence sur cette confrérie, et elle ne comptait rester les bras croisés alors qu'un crime odieux avait été commis.
Elle pris sa plume habituelle, qu'elle trainait depuis toute petite: une plume de Gélican. Elle la trempa dans l'encre, et se mit finalement à écrire; - Citation :
- -Votre nom : Shizuka. Fuyumi Shizuka.
-Votre âge : En réalité, plus de 600 mais certains évènements font que je répondrais 23.
-Votre classe : Disciple de Iop.
-Votre cercle : 22, pour le moment.
-Votre spécialisation : Des raisons personnelles font que je cherche tant bien que mal à maîtriser le Feu.
-La couleur de vos cheveux : Bleus.
-Celle de vos yeux : Bleus (moins que les cheveux, cependant).
-Votre état Civil : Célibataire.
-Vivez vous à Amakna, Bonta ou Brakmar ? : Je suis née à Frigost, mais maintenant j'erre au gré de mes envies.
"Dis donc, ils sont tout de même exigeants, on dirait une candidature pour devenir Garde de la Tour des Archives de Frigost... On pourrait croire que je postule en tant que secrétaire."Elle laissa échapper un petit rire à cette pensée, comme quoi tout n'était pas si différent de là-bas; elle se reconcentra rapidement, cependant: elle n'avait pas de temps à perdre à penser des idioties, l'envie de découvrir le Cercle était plus forte que ses petites pensées, bien plus forte. Elle abandonna après les formalités toute forme de retenue et se mit à écrire d'un seul jet, comme les mots lui venaient mais sans pour autant faire de ratures; ça ferait tâche de rendre un parchemin souillé; non ?Mon nom est Fuyumi Shizuka, mais tous ceux qui m'ont côtoyé un jour m'appelaient Fuyu. Mon histoire s'étale sur plusieurs siècles, mais je n'ai pas de souvenir de tout ce temps. Il y a l'avant, et l'après.
Avant, c'était peu avant que les dieux ne nous mêlent à leur guerre. J'habitais à Sakaï. Née à Frigost, au mois de Descendre, nous vivions heureux, presque coupés du monde mais heureux. Seulement...
Il fallait que ça nous arrive, à nous.
Les talents du comte Harebourg, maître Xelor, attirèrent les convoitises de plusieurs centaines d'être plus avides les uns que les autres. Parmi eux fut un certain "N", maudit par les dieux eux-même. Il sema la mort sur la petite île de Sakaï, et se réfugia dans la mine, seule source de richesse du petit bout de continent.
Les dieux ne voulaient pas le laisser sortir une nouvelle fois.
Alors ils prirent une grave décision. Une décision qui me scella.
Ils gelèrent l'île de Sakai, ainsi que Frigost, et les enfouirent sous la mer pour que jamais personne ne puisse retrouver de traces du comte, ou du Guerrier Maudit. Afin de ne pas faire de remouds par rapport au grand Continent, ils créèrent une petite île où devait régner, une fois par an, la joie et la bonne humeur, au même endroit où je fus prisonnière d'une glace éternelle, inconsciente, sous
Le sort voulut seulement que je ne sois pas tuée. Peut-être à cause de mon affinité naturelle avec la glace. Ou à cause des étranges pouvoirs dont je ne connais la provenance.
Quoi qu'il en soit, je ne pardonnerai jamais à ce "N".
Après, c'était tout récemment. Quand l'île de Sakaï a ressurgi avec Frigost des profondeurs de la mer, et que finalement les glaces éternelles se sont soumises à la loi du Soleil.
Alors lentement, la glace libéra sa prise, et plus lentement encore je m'éveillai de mon sommeil qui dura, sans que je m'en rende compte, près de 600 ans.
Nous sommes le 25 Juinssidor 640. Mes seuls souvenirs étaient la foudre qui avait jailli lorsque Djaul vint sceller mon monde, et mon réveil longtemps après.
Je me baladai, ne voyant plus personne aux alentours sinon de la neige.
Chaque maison n'avait qu'un corps ou deux, frigorifié. C'est alors que je pris conscience de tout.
J'entendis des cris venant de loin. Quittant une des demeures je me précipita vers ce vacarme, afin de demander ce qui s'était passé ici.
Une foule de guerriers aux coiffes qui m'étaient alors inconnues se ruèrent vers moi, puis m'évitèrent et foncèrent vers la mine, où était scellé N le maudit. L'un d'entre eux me bouscula doucement, comme pour me pousser à avancer vers la mine.
" Pourquoi tu ne bouges pas ? Viens ! Il y a de nombreux trésors, et des monstres aussi ! Viens donc ! "" Excusez moi, mais, mais, quel jour sommes nous ? "" Quelle question ! Cette date va rester gravée à jamais ! Nous sommes le 25 Juinssidor 640 ma belle ! "Je m'arrêta net, résistant à son entrain, le repoussant même. J'écarquilla grand les yeux en fixant le sol.
640 ? Avant de m'endormir, nous n'avions pas encore passé le premier siècle... Voilà ma réflexion, avant qu'un autre détail ne me frappa.
Juinssidor ? Avec de la neige, du verglas, un pareil froid ? Impossible.
C'est alors que je compris; les dieux n'avaient pas fait que geler l'archipel. Elle ne reverrait plus jamais un été: Frigost était emprisonnée au mois de Descendre.
N'ayant plus rien; ni affaires, ni famille, ni proches, tout emprisonné sous des neiges qui ne bougeraient donc jamais; je me résolus à partir.
Tous les aventuriers avaient délaissé le capitaine solitaire. Je lui demanda humblement de me ramener sur le continent, et il s'exauça.
J'arrivai finalement en Amakna. Une contrée différente de la mienne.
Tout. Tout était différent.
Il y avait nombre d'aventuriers, d'habitants, de commerçants, foule de personnes plus curieuses les unes que les autres. J'apprit d'un groupe de personnes que je me trouvait à Mastredam.
Et j'avançai.
Sans se rendre compte que tout le monde, m'approchant, ressentait des frissons. Que certains me dévisageait avec envie. Que d'autres m'observèrent moi ainsi que sa proximité. Rien de tout ça ne me tapa dans l'œil la première fois.
Les jours passèrent, mon épée comme seule amie.
Yukimura. En Pandawa ancien, ça signifie Village Enneigé. Il parait qu'il est scellé et qu'il peut être bien plus fort que ça, mais je n'ai encore jamais eu l'occasion de le découvrir. Juste de m'exercer, une fois que j'eus pris conscience de l'aura frigorifique que je dégageais.
Un jour où, comme d'habitude, j'essayais de contrôler la glace à l'aide de mon épée, un parchemin me vint du ciel. Un parchemin souillé de sang, tâché de larmes. Il était signé Kurama.
J'ai aussi, ce même jour qui n'est qu'aujourd'hui, rencontré un jeune guerrier au regard de braise, qui semblait fortement attaché à cette même Kurama. Les seuls mots que j'échangeai avec lui m'ont suffi.
Je suis là pour découvrir la vérité sur Kurama.
Je suis là pour trouver des compagnons avec qui partager des instants, des émotions, des combats, des histoires.
Je suis là pour entrer au Cercle Amla Kahn, pour apprendre à me maîtriser, pour trouver ma voie.
Il était tard. Fuyumi, une fois son récit fini, plia la lettre soigneusement et la déposa dans la boîte aux lettres de la demeure, celle où elle avait rencontré son nouvel et seul ami. Elle se précipita ensuite au dehors, attendant avec impatience les réponses que l'assemblée lui donneront.(Je ne prête absolument pas mon compte, sinon à Ykles.)